Les formes des lettres véhiculent des messages: dans l’espace public, ces formes sont de puissants instruments de propagande. En témoignent les inscriptions que les empereurs commanditaient pour affirmer leur pouvoir dans l’ensemble de l’empire romain. À l’Institut suisse de Rome, une Summer school a réuni des étudiants en MA Type Design de l’ECAL et de l’ISIA d’Urbino afin d’étudier un avatar plus récent de cet instrument de communication.
En Italie, durant la période du fascisme (1922-1943), l’accès au pouvoir de Benito Mussolini a transformé son parti politique révolutionnaire en parti de gouvernement, avec pour ambition de créer un empire sur le modèle de la Rome antique. La culture visuelle de la période des empereurs fut récupérée et utilisée par les fascistes qui voulaient ainsi se poser comme les héritiers de cette grande tradition. Les images et la photographie furent mobilisées, ainsi que l’architecture et les inscriptions en lettres. Les édifices et monuments des années 1930 affichent souvent des slogans et des textes gravés dans le marbre blanc. Les textes sont écrits en latin ou en italien, en majuscules, à la manière des Romains de l’antiquité. Le design de ces lettres se fonde sur des modèles antiques, mais la forme des lettres est rigoureusement moderne: un caractère géométrique sans sérif.
Dans un premier temps, Archigraphiae a commencé par collecter des images d’inscriptions à Rome, sur des monuments, des édifices publics, des cimetières, des plaques de rue. Ensuite, une seconde partie a consisté à digitaliser certains de ces lettrages afin de comprendre leur construction, en particulier combien quelques petits éléments peuvent transformer une police géométrique neutre en un symbole au style immanquablement associé au fascisme italien. En cartographiant cet aspect remarquable de la propagande fasciste, la Summer School a voulu déconstruire les mécanismes utilisés pour promouvoir les ambitions politiques, et les comparer avec d’autres caractères sans sérifs modernistes datant de la même période. En analysant le récit idéologique derrière l’usage des lettrages, le projet a permis aux étudiants de développer un regard critique sur les usages (politique, commercial, militant) de la typographie et du letrage aujourd’hui.
ECAL/Ecole cantonale d’art de Lausanne
Matthieu Cortat
(chef de projet)
Davide Fornari
(chef de projet)
Jonathan Pierini (chef de projet)
Conférenciers et chercheurs
Chiara Barbieri
Gianluca Camillini
Pippo Ciorra
Emilio Gentile
Alessandra Tarquini
Paul Shaw
Carlo Vinti
Assistants
Leonardo Azzolini
Simon Mager
Étudiant-e-s, Master Type Design ECAL
Quentin Coulombier
, So Hee Kim
, Jin Lee Kyung
, Dávid Molnár
, Luca Pellegrini
, Maharani Putri
, Shuhui Shi
, Benedek Takács
, Mingoo Yoon
Étudiant-e-s, Master Photographie ECAL
Alina Frieske
Étudiant-e-s, Master Communication, Design and Publishing ISIA Urbino
Gianluca Ciancaglini, Alberto Malossi, David Mozzetta, Giuseppe Romagno
septembre 2018
ECAL/Ecole cantonale d’art de Lausanne
ISIA Urbino
Istituto Svizzero di Roma
Summer school
Archigraphiæ. Rationalist Lettering and Architecture in Fascist Rome (1921–1943): a Fieldwork, Rome, Istituto Svizzero, September 2–9, 2018.
Conférences
Exposition
Archigraphiæ. Rationalist Lettering and Architecture in Fascist Rome (1921–1943): a Fieldwork, Rome, Institut Suisse, 8 septembre, 2018.
Publication
Matthieu Cortat, Davide Fornari, Archigraphiæ. Rationalist Lettering and Architecture in Fascist Rome / Architettura e iscrizioni razionaliste nella Roma fascista, Renens: ECAL 2020 (contributions de Chiara Barbieri, Gianluca Camillini, Joëlle Comé, Jonathan Pierini, Paul Shaw, Alessandra Tarquini, Carlo Vinti).
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